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Notre auteur, professeur de pharmacie, exerce à l’hôpital public. Autant dire qu’on n’attend pas, de sa part, un soutien inconditionnel à l’homéopathie. L’efficacité de cette branche de la thérapeutique n’est pas scientifiquement démontrée, écrit-il dans « Les médicaments en 100 questions » (Editions Tallandier), l’ouvrage dont nous publions ci-dessous un extrait. Ce qui ne l’empêche pas, contrairement aux Académiciens européens des sciences, de porter un regard positif sur une approche centrée sur le malade, et non la maladie.
L’homéopathie est une doctrine née de l’imagination d’un médecin allemand, Samuel Hahnemann, qui écrivit son traité fondateur, Organon de l’art de guérir, en 1810. Elle repose sur quatre principes fondateurs. Le premier est le « principe des similitudes » : les bons médicaments sont ceux qui miment les effets de la maladie. Ainsi la poudre de quinquina qui provoque un pic fébrile quand on l’absorbe est-elle précieuse pour le traitement des fièvres ; l’oignon, qui fait pleurer quand on l’épluche, est considéré comme un médicament de choix dans le traitement des rhinites.
Le deuxième principe est celui des hautes dilutions : les centésimales hahnemanniennes (CH) représentent le nombre de fois où on dilue au centième la teinture mère de la substance en question. Ignatia 6CH est une dilution 6 fois au centième de la teinture mère de noix vomique (c’est-à-dire une dilution au « un millionième de millionième »). En pratique, les médicaments homéopathiques sont préparés d’une manière qui pourrait faire controverse. On vide le flacon d’une solution mère et on considère qu’un centième de cette solution reste « accroché » aux parois du flacon. Une fois rempli au moyen d’eau, ce flacon permet d’obtenir une dilution 1CH (dilution au 1/100). Ce même flacon, une fois vide puis rempli d’eau, permet d’obtenir une dilution 2CH (1/10 000), etc.
Un traitement personnalisé
Troisième principe, la dynamisation : pour récupérer l’activité perdue par les hautes dilutions, il est nécessaire d’agiter la préparation afin de « réparer » la perte de substance active. Cette « succussion » (action consistant à secouer), favorable à l’homogénéité du mélange, permettrait surtout d’obtenir les chocs interactifs entre les molécules actives présentes et les molécules d’eau. Ce serait en quelque sorte le mécanisme de la « mémoire de l’eau ». Enfin, l’homéopathie, fondée sur la personnalisation des traitements, considère qu’il convient de les adapter, en fonction du terrain et de l’environnement. Il s’agit donc d’une approche fondée sur l’individu malade et la globalité de sa maladie, de ses symptômes.
Au demeurant, cette approche est satisfaisante puisqu’elle replace le malade (davantage que la maladie) au cœur de la consultation médicale, et le soin dans un ensemble plus large que la seule approche rationnelle. C’est probablement la raison pour laquelle les traitements homéopathiques se placent volontiers en marge des pratiques officielles et, pour tout dire, en dehors de toute approche scientifique. La notion souvent entendue : « l’homéopathie, j’y crois » et son pendant « j’y crois pas… » témoignent du caractère dogmatique de cette branche de la thérapeutique. Ce qui n’a probablement pas pour corollaire la signification de l’inefficacité de l’homéopathie, mais son caractère peu fiable, davantage fondé sur la croyance que sur la démonstration.
Un placebo qui ne dit pas son nom
L’homéopathie se place également en dehors des raisonnements scientifiques dans les différents domaines, de la chimie, de la biologie, de la physiologie et de la pharmacologie. Elle échoue à démontrer son efficacité lorsqu’elle est confrontée aux essais cliniques. Le médicament homéopathique est un placebo qui ne dit pas (officiellement) son nom. Pratique davantage commerciale que scientifique, l’homéopathie s’appuie sur la crédulité des malades et sur la bienveillance des pouvoirs publics. Ceux-ci y voient une approche peu coûteuse, même si les médicaments homéopathiques prescrits sont remboursés à 30 % – ce qui n’a aucun sens, et représente quand même près de 2 % des remboursements de médicaments par l’Assurance maladie.
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François Chast, Professeur de pharmacie, Université de Paris
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons.
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